#Trahison Désobéissons
M. Hollande,
nous ne vous disons pas « merci » ni « au revoir »
Le 3 mai 2017,
Par Annie Lobé, journaliste scientifique
indépendante.
Nous voilà pris dans la nasse. Il faudrait voter Macron
pour faire barrage au Front national, comme en 2002. Sauf que… Macron n’est pas
Chirac.
En 2012, le candidat Hollande avait fait « 60 propositions ». Une seule a
été réalisée : le mariage pour les couples de même sexe. Les autres,
abandonnées, oubliées, comme si elles n’avaient été rédigées que pour faire
passer celle-là.
Le candidat Hollande avait fait une promesse : fermer la centrale
nucléaire de Fessenheim avant la fin de son mandat. Il l’a trahie.
Il nous a
toutes, et tous, trahis. Avec méthode.
Aujourd’hui,
Hollande appelle à voter pour son « fils spirituel », celui qui, en tant que
secrétaire général adjoint de l’Elysée de 2012 à 2014, puis ministre en
2015-2016, a été la courroie de transmission avec laquelle banques et lobbies
ont manipulé son quinquennat qui s’achève : toutes ses trahisons portent en
sousmain la griffe Macron.
Le candidat
Macron n’est pas seulement banquier, il est aussi l’ami, entre autres, des
grands patrons de CapGemini et d’Atos, les parrains du Linky.
Les appels
à voter Macron « en se pinçant le nez » sont légion.
Je dis NON à ce mariage forcé, NON à ce mariage arrangé, NON à cette
prison, à ce piège dans lequel nous savons d’avance que nous serons violés
chaque jour, puisqu’il a annoncé le 9 avril 2017 qu’il gouvernerait par
ordonnances, c’est-à-dire en signant des textes non votés par le
Parlement.
Après
s’être délecté d’avoir fait exploser les grands partis, Emmanuel Macron les
appelle aujourd’hui à la rescousse pour franchir le dernier cap, après avoir compris
qu’il avait un peu vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué, le soir du
premier tour...
Les plus
ouvertement pro-Linky, Fillon et Hamon, ont même devancé l’appel. Cela devrait
nous mettre la puce à l’oreille.
Choisir un
président de la République est bien plus que choisir un-e époux-se : aucun
divorce n’est possible pendant cinq longues années. Détenant le pouvoir, et les
cordons de la bourse, il aura quasiment droit de vie et de mort sur les plus
fragiles d’entre nous, ceux qui sont déjà au bord de la rupture.
Combien de
travailleurs précaires en plus, quand la loi travail sera parachevée ? Combien
de couples explosés par le chômage ? Combien de SDF en plus ? Combien de
suicides ? Dans cinq ans, combien de centaines de milliers de personnes déjà à
bout ne seront plus là pour voter ?
En
2012, le candidat Hollande avait dit : « A l’issue de mon mandat, je voudrais
être jugé sur une chose : ce que j’aurai fait pour la jeunesse. »
En
2017, après le premier tour, elle est la première descendue dans la rue, cette
jeunesse, pour protester contre ses résultats. Plusieurs centaines de lycéens
venus crier qu’ils ne veulent ni Macron, ni Le Pen.
Et
leurs cris ont trouvé écho chez bon nombre d’entre nous, atterrés que nous
sommes d’avoir à choisir entre « la peste et le choléra ».
L’académicien
Jean-Marie Rouart s’interroge dans Paris Match (27 avril 2017, p. 55) : «
Dernière énigme de ce grand bouleversement : quelle a été la responsabilité de
Hollande ? A-t-il été le génie satanique de cette recomposition, son chef
d’orchestre clandestin, ou cette situation n’est-elle que le fruit involontaire
de son impuissance ? Seule l’Histoire le dira. »
Les
indices, toutefois, sont déjà là. Tous ses amis « de trente ans », Jean-Yves Le
Drian, Jean-Pierre Jouyet, Jean-Pierre Mignard et Bernard Poignant, ont été
parmi les premiers socialistes à rallier Macron alors même que les Français
avaient nettement choisi Benoît Hamon lors de la primaire du Parti
socialiste.
Ce
sont eux qui ont dynamité le PS !
En face, également une trahison. Celle de Nicolas
Dupont-Aignan, le seul candidat qui avait affirmé stopper le déploiement du
Linky s’il était élu, et qui laisse donc orphelins des militants de ce combat
anti-Linky.
Il a fait le choix de s’allier à Marine Le Pen, contre
l’avis de plusieurs viceprésidents de son parti Debout la France, qui ont
claqué la porte. Plusieurs centaines d’habitants de la ville dont il est le
député-maire, Yerres (91), manifestent chaque jour devant sa mairie contre sa
décision.
Osant encore se réclamer du général de Gaulle et croyant se
regarder « dans le miroir de l’Histoire », il a fait mentir son slogan : « Ni système, ni extrême », renonçant à
l’« humanisme » dont il se targuait
depuis le début de sa campagne de 2017. Marine Le Pen a intégré à son programme
quelques mesures qu’il proposait et ils ont annoncé un « accord de gouvernement
» par lequel il deviendra son Premier ministre, si elle est élue.
Se disant « un homme
libre », il prétend présenter des candidatures pour son parti dans toutes
les circonscriptions face aux candidats du FN, mais il semblerait que cette
alliance ne soit pas non plus du goût de plusieurs candidats déjà investis, qui
ont fait savoir qu’ils renonçaient à leur candidature. Des hommes et des femmes
« libres », eux aussi.
S’il obtient au moins 1 % des suffrages exprimés dans un
minimum de cinquante circonscriptions, son parti accèdera au financement
électoral sur les deniers publics. Sans ma voix, c’est bien certain.
Dix ans d’indépendance, pour en arriver là… Comment a-t-il
pu manquer à ce point de discernement, au moment où les affaires Le Pen sortent
comme des champignons après la pluie ?
Est-il naïf ? A-t-il oublié le sort réservé au président du
CNI (Centre national des indépendants) qui avait conclu une entente avec le FN
pour les élections législatives en 1986, et qui est mort en 1992 ? Ces
dernières années, plusieurs auteures,
lanceuses d’alertes qui avaient cédé aux sirènes du FN ou de ses satellites
pour élargir leur audience, ont subi le même sort : Sylvie Simon (vaccination),
Corinne Gouget (additifs alimentaires) et Claire Séverac (chem trails).
Depuis la nuit des Longs Couteaux, lors de laquelle les SS
d’Hitler exterminèrent les SA de Röhm, la « peine de mort » est la façon de
régler ses comptes dans les milieux nazis, néo-nazis et fascistes. Ce n’est pas
étonnant, quand on prône des mesures qui auront pour effet de tuer des centaines
de milliers de personnes n’ayant pas eu la chance de naître au « bon » endroit,
et avec les « bons » parents.
S’il m’est permis de partager un peu de mon vécu, à Nantes,
il y a 22 ans, le tenancier d’un bar a refusé de me vendre un sandwich, rétorquant
que je n’avais qu’à m’adresser à l’Arabe d’à côté (j’ai la même couleur de peau
que Yannick Noah). Une scène impensable aujourd’hui. Je ne pense pas que les
Français sont « racistes », mais j’ai le sentiment que, dès lors que les
responsables politiques nationaux ou locaux l’encouragent, le racisme s’affiche
dans les interactions entre personnes ne se connaissant pas, tandis que si le
racisme est publiquement combattu par les dirigeants, de tels comportements se
font rares dans l’espace public. La force de l’exemple ?
Contrairement à ce qu’elle prétend, Marine Le Pen, qui
manque de probité, ne représente pas la « Belle France », celle qui rayonne,
généreuse, altruiste, celle que nous aimons, nous les Français, celle que le
monde entier aime. Marine Le Pen se présente faussement comme « protectrice ».
C’est une imposture, puisque son programme bafoue deux des trois valeurs
essentielles qui ont fait la force de la France : « Égalité » et « Fraternité »
et que pour le mettre en œuvre elle devra changer notre Constitution.
Comme le disaient des militants
mélenchonistes sur BFM TV, jeudi 27 avril : «
Avec les deux candidats, les gens vont souffrir de toutes façons », « On nous
demande de choisir entre le candidat du grand patronat et des banquiers, et la
candidate du racisme et de la xénophobie », « On a vu que le véritable
responsable de la montée du FN, c’est l’ultra libéralisme ».
Finalement, si l’on projette les conséquences qu’auront
dans les prochaines années les mesures proposées par les deux finalistes, le
grand vainqueur de ce premier tour,
c’est le front du meurtre de masse !
Pas étonnant qu’il soit difficile de constituer un « Front
républicain » pour faire barrage au Front national, au contraire de ce qui
s’est produit en 2002.
Comme au premier tour, l’indécision est reine dans cette
échéance « démocratique ».
C’est une telle responsabilité de penser que notre petit
bulletin, avec des millions d’autres, scelle notre avenir commun…
Permettez-moi de vous faire part de mon expérience en tant
qu’assesseur dans un bureau de vote pour contrôler la régularité du scrutin. Je
vais vous dire ce que j’y ai vu d’anormal.
Le responsable administratif du bureau, qui a ouvert l’urne
le soir, a utilisé la même clé pour ouvrir les deux serrures. Et pendant que nous, les assesseurs, étions occupés
à compter les émargements et les enveloppes contenant les bulletins de vote, il
a renvoyé plusieurs électeurs à qui la présidente du bureau avait demandé, lors
de leur passage dans la journée pour voter, d’être scrutateurs et de revenir le
soir pour le dépouillement, puis a confié à d’autres personnes, surgies d’on ne
sait où, la première centaine et les dernières soixante-dix enveloppes, soit
plus que les trois autres tables de dépouillement.
Les deux centaines dont j’ai personnellement surveillé le
dépouillement du début à la fin étaient cohérentes : deux candidats
émergeaient, au coude à coude. Mais le résultat global de ce bureau donnait 100
voix de plus à l’un des deux. Y a-t-il eu triche ?
Je vous invite à vous rendre dans votre bureau de vote
dimanche 7 mai au soir, pour voir par vous-même ce qui se passe. Chaque
détenteur d’une carte d’électeur a le droit d’assister au dépouillement, à
condition d’arriver avant la fermeture de son bureau de vote (15-20 minutes
avant).
Dimanche 23 avril, les deux candidats arrivés en tête au
niveau national n’avaient aucun assesseur dans les bureaux de vote de ma ville,
tout au long de la journée. Pour dimanche prochain, j’ai été sollicitée, mais
non, je n’irai pas. Que les mouvements politiques en présence s’organisent pour
contrôler les opérations de vote, de l’ouverture à la fermeture des bureaux !
Dernière interrogation : s’abstenir, ou voter blanc ? Encore
une fois, l’expérience du bureau de vote qui fournit une réponse. Chaque
préfecture, qui les transmet au ministère de l’Intérieur, connaît le nombre
total de bulletins blancs et nuls, par département. Tous les autres bulletins
sont jetés le soir-même, de sorte que personne ne peut rien contrôler. Vous
pouvez seulement connaître le nombre de bulletins blancs dans votre bureau, en
restant présent le soir de l’élection jusqu’à la proclamation des résultats par
son président, et dans votre ville, annoncé en mairie par le maire, en fin de
soirée, ou encore par l’affichage fait à l’extérieur de chaque bureau, ainsi
qu’en mairie, dès le lendemain matin. Mais la presse ne nous dira pas le nombre
total de bulletins blancs dans la France entière. Dimanche 7 mai, voter blanc
c’est donc accepter que votre vote ne soit, de fait, pas comptabilisé.
Puisque que le bulletin blanc n’est pas reconnu, l'unique
façon de faire comptabiliser le choix de refuser l’un ET l’autre des deux
candidats reste l’abstention. En effet, le taux d’abstention est donné en
direct sur les plateaux de télévision, dans la soirée de dimanche. Il est
commenté par la presse pendant les jours qui suivent. Si le prochain président est élu avec une
abstention de 60 %, il ne sera pas légitime. Le recours à l’abstention est la
seule façon de faire comptabiliser chaque décision de dire NON à cette élection
aux allures de mariage forcé.
Cela fera peut-être passer aux responsables politiques le
goût des manigances nous obligeant à leur donner, par notre bulletin de vote,
la corde avec laquelle ils ont l’intention de nous pendre.
Un dernier mot sur la situation internationale : Donald
Trump a twitté, à propos de l’élection présidentielle française, qu’elle était « intéressante ». Cela signifie qu’il s’y intéresse.
Ne sous-estimons pas cet homme, il est capable de faire
plusieurs choses à la fois. Par exemple s’intéresser à ce qui se passe en
France, et préparer sa future guerre contre la Corée du Nord.
Après avoir mis le Moyen-Orient à feu et à sang, les
États-Unis sont en train d’opérer leur «
rééquilibrage » vers l’Asie. Pendant des années, les médias ont répété les
mots « pivot vers l'Asie » sans en
comprendre le sens : ils signifiaient l’ouverture d’un nouveau front !
Mon petit doigt me dit que Donald Trump n’attend que les
élections françaises soient passées pour larguer ses premières bombes, et que
Jean-Yves Le Drian est déjà prévenu, qui se prépare à rempiler au ministère de
la Défense avec le nouveau président Macron.
Si les événements se déroulent comme prévu, cela prouvera
que Macron a « trahi » Hollande avec
son accord, et que l’élection 2017 est une gigantesque manœuvre pour nous
maintenir cinq ans de plus en Hollandie.
Même Sarkozy n’a pas tenté un tel coup. Hollande est
peut-être un benêt, ou peut-être pas. En tous cas, il est entouré de
Machiavels. Gaspard Gantzer, par exemple, son actuel responsable de la
communication, qui sans aucun doute officiera auprès de Macron, qui fut son camarade
sur les bancs de l’ENA dans la promotion Léopold Sédar Senghor 2002-2004.
Comme le monde est petit. Et comme la France est petite. Si
petite, que c’en est à se taper la tête contre les murs…
Résonne encore à mes oreilles cette phrase que François
Hollande aimait répéter pendant sa campagne en 2012 : « C’est un grand pays, la France ! »
En cinq ans, il a
réussi au moins une chose: la rétrécir.
Sources de cet article :
Emmanuel Macron annonce, le 9 avril 2017,
son intention de gouverner par ordonnance :
http://www.lejdd.fr/Politique/Emmanuel-Macron-Moi-president-859097 Enquête de SumOfUs, 20 avril 2017, La
présidentielle des conflits d’intérêts :
http://www.santepublique-editions.fr/objects/SOU_2017-Ok-2-enquete-liens-d-interets-des candidats.pdf
Sur Gaspard Gantzer, camarade d’Emmanuel
Macron à l’ENA : https://www.youtube.com/watch?v=558Rz6CZakk
Linky sera-t-il le prochain président
des Français ?, par Annie Lobé, 19 avril 2017
: http://www.santepublique-editions.fr/objects/Linky-sera-t-il-le-prochain-president-desFrancais-par-Annie-Lobe-19-avril-2017.pdf
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